Le concept d'Atelier de Négociation Graphique (A.N.G.) a été mis au point par Ghislaine HAAS et Danielle LORROT dans un article intitulé De la grammaire à la linguistique par une pratique réflexive de l'orthographe, publié dans le n°14 de la revue Repères (nouvelle série, 1996, p.161-181). Cet article propose un dispositif de recherche didactique qui a pour but essentiel d'instaurer chez les élèves une capacité à réfléchir sur la langue. Il s'agit d'animer des ateliers qui conduisent les enfants de l'élémentaire (cycle 3 ) à réfléchir de façon raisonnée et méthodique sur la grammaire et l'orthographe, en utilisant de manière de plus en plus efficace le métalangage grammatical.
Trop souvent les enfants ont, en effet, une attitude passive face à
la langue et n'utilisent pas activement leurs connaissances. Il est vrai
que leurs notions grammaticales sont souvent vagues, imprécises et
mal fixées, ce qui ne les aide guère ; leur métalangage
actif est significativement réduit (exemple : nom/ verbe ; masculin
/féminin; pluriel : vocabulaire utilisé spontanément
en CM1 au cours d'un premier atelier, à Saint-Etienne). On constate
ainsi que, très souvent, ils ne font pas appel à des savoirs,
à des règles que nous croyons qu'ils connaissent parce qu'ils
les ont déjà étudiées et qu'ils les utilisent
lors d'exercices d'application.
Il est clair que la construction d'une capacité orthographique chez
les enfants ne peut se réduire à la réception d'un
enseignement, fût-il bien structuré : l'activité cognitive
des élèves est essentielle à prendre en compte. Un
rapport réflexif évolué au langage est nécessaire
pour aller vers la maîtrise de l'orthographe grammaticale, en particulier.
L'article souligne, en outre, l'intérêt de cette démarche réflexive de mise à distance de la langue (importance du passage du plan de l'oral-pratique au plan du traitement scriptural-scolaire, cf. Bernard Lahire) et de l'utilisation nécessaire dans cette situation d'une conduite argumentative et justificative. C'est à partir des présupposés théoriques mis en avant dans cet article et après avoir vérifié la possibilité de transposer ce dispositif dans une pratique habituelle de classe, que nous vous proposons les mises en oeuvre concrètes qui suivent.
On peut songer de façon cohérente à l'utilisation de grilles, d'usuels et de manuels dans la mise en commun pour alimenter le débat, vérifier et valider des hypothèses.
L'emploi des outils électroniques sur un ordinateur (vérificateur d'orthographe d'usage d'un traitement de texte, correcteur grammatical intégré au TdT ou spécialisé comme le Correcteur 101, Cordial ou Antidote ™) est bien sûr envisageable lors de la phase de mise en commun.