Principes | Dispositifs | Conseils |
La cacographie (littéralement, le contraire de la bonne graphie
ou orthographe) était fréquemment utilisée au XIXème
dans les apprentissages de l'orthographe. Elle consistait à «faire
corriger par les élèves les fautes laissées à
dessein». On travaillait sur des livres spécialement remplis
d'erreurs volontaires. Pour plus de précisions, voir le livre de
Jean GUION : L'institution orthographe, Paidoguides, 1974,
p.94 sqq. et p.113 sqq.
On l'a souvent rejetée au XXème avec l'idée qu'elle
pouvait fixer chez les enfants l'image visuelle incorrecte d'un mot.
Il est clair qu'il faut bien avertir les enfants qu'ils sont devant un document incorrectement présenté et rédigé. Ils se trouvent alors dans une situation de relecture avec des objectifs précis de révision et réécriture. En principe, ils ont l'habitude de cette posture intellectuelle sur leurs propres premiers jets ou ceux d'un pair. Cette activité les met en situation de recherche active et les amène à réfléchir en s'appuyant sur des bases de règles et de connaissances.
Les erreurs créées par les maîtres doivent se situer, selon nous, dans l'ensemble des divers niveaux du texte :
On excluera les erreurs d'orthographe lexicale stricte pour éviter que les enfants visualisent des formes erronées globales : cependant, on pourra admettre d'introduire des erreurs phonographiques sur des mots très connus pour augmenter la vigilance. Par exemple, le mot "* nauvembre" dans la lettre proposée en activité.
L'idée de base est qu'aucun enfant ne doit être capable seul de repérer l'ensemble des erreurs; le texte cacographiquedoit "résister" à l'analyse individuelle ; le moment le plus efficace pour l'apprentissage, en vue de l'entraînement à la réécriture, est celui des interactions entre les élèves et avec le maître (rôle central de la tutelle). Dans tous les cas de figure, l'élève commence à travailler seul : il entoure avec un feutre de couleur les lieux du texte qui lui semblent erronés, il a aussi la possibilité de mettre des points d'interrogation aux endroits où il doute. Il faut laisser à sa disposition les outils habituellement utilisés dans la classe (outils individuels ou collectifs, outils sociaux comme les manuels, usuels et dictionnaires et outils élaborés dans la classe avec / par les élèves.)
Après expérimentations à divers niveaux (depuis la fin du C.P. jusqu'au CM2, voire en 6ème avec des collégiens en difficulté), on a pu constater qu'un avantage indéniable de cette activité est que les élèves sont en position valorisante : on les considère un peu comme des experts et leur plaisir est grand de progressivement arriver à trouver et corriger le maximum d'erreurs.
Attention :
- il faut remarquer, bien sûr, que les
élèves peuvent inventer des «fausses
erreurs» ! C'est par la confrontation
avec les autres et le maître que ces hypothèses erronées
seront corrigées.
- Le maître peut faciliter la tâche en donnant des grilles permettant
des relectures orientées sur divers aspects. Pour des élèves
en difficulté,on peut même dans la marge localiser les erreurs
(exemple : 2 erreurs à la ligne n etc) ou indiquer, rappeler les
grandes catégories présentes dans la tâche...
Jean-Claude DUVERGER, avec la collaboration d'Emile SIMONNET
Principes | Dispositifs | Conseils |