Le traitement de texte à l’école

Vers un dispositif d’apprentissage intégré [1]

Quelques types de situations de travail avec le Tdt à bien discriminer et à mettre en synergie :

NB Ces activités ne sont pas forcément dans un ordre chronologique.

1. Séances de découverte / d’entraînement

Séances d’appropriation de l’outil et de ses fonctions mais dans des situations de travail sur la langue écrite, la maîtrise de la langue : par exemple, combler des trous dans un test de closure, éliminer des répétitions inutiles ou des maladresses dans les reprises et substituts, reconstituer un puzzle de texte, transformer un texte en changeant le mode d’énonciation, le temps verbal, résumer un texte long en supprimant des éléments secondaires, expanser un texte minimal, passer d’un type d’écrit à un autre etc. On fait déjà du français, des activités de structuration, mais avec l’outil électronique, pour découvrir des possibilités d’actions fondamentales sur le texte : effacer, ajouter ou insérer, transformer, déplacer.

2.     Séances de lecture ou analyse

On peut utiliser le Tdt comme interface logicielle pour lire ou relire de façon critique et distanciée un texte d’expert / d’élève ; certes, des macros permettant une analyse lexicométrique comme dans Calamus[2] sont utiles dans ce but, mais déjà des fonctions comme Chercher, les outils statistiques intégrés (nombre de mots, longueur des phrases, indice Flesch…) donnent des indicateurs. Des outils avancés comme la génération de table des matières, d’index… sont pertinents sur certains écrits longs…

Des fonctions de mise en forme peuvent être utilisées comme alertes typographiques pour pointer des éléments d’un texte, des indices textuels : mettre en italiques les passages descriptifs dans une séquence textuelle narrative (…) ; pointer d’une couleur tous les éléments désignant un personnage (chaîne référentielle) signaler les discours du narrateur par une couleur, ceux des personnages par une autre/ d’autres ; coder les exemples d’une argumentation avec une couleur, les arguments avec une autre etc.

3.     Séances décrochées à dominante technique

S’il en faut absolument : on peut y apprendre à faire un tableau, à numéroter des paragraphes, à faire un index ou une table des matières ; apprendre à chercher/ remplacer… Ce sont là les seules séances purement techniques : nous sommes alors dans la logique des apprentissages de la secrétaire : comment faire pour… / à quoi sert telle fonction x du menu y ? On peut même faire de la P. A. O., si l’on a des textes à diffuser dans le cadre d’un projet — écrits documentaires, articles d’un journal etc. Mais essayer alors de ne pas oublier les aspects communicatifs : comment accrocher les lecteurs, comment mieux informer / expliquer en utilisant les images, comment résumer l’essentiel etc.

On peut ainsi habilement faire mettre en page, en forme des textes d’auteurs ou d’élèves de genres différents : aller jusqu’à la scénotypie[3] de poèmes, faire agencer des maquettes de pages documentaires : il s’agit bien en priorité de travailler la mise en scène des effets et des savoirs !

4.     Séances de production d’écrit

Dans la logique : C’est en lisant qu’on devient liseron, on continue de plus belle : c’est en écrivant, au clavier, qu’on devient écriveron[4] ! Ce sont des séances d’appropriation de l’outil, bien sûr.

On se préoccupe ici d’apprentissage de l’écriture, de la production d’écrit. Il est clair que l’on s’inscrit naturellement dans le modèle de l’écrivain/ universitaire : on permet aux élèves d’utiliser le Tdt dès la phase de conception du texte ; on s’en sert pour écrire et réécrire, on se sert des outils intégrés[5] pour corriger et améliorer, sans abandonner les outils papiers dans une logique de complémentarité.

Il semble important de s’inscrire dans cette logique : l’immense majorité des producteurs d’écrits dans nos sociétés modernes utilisent le Tdt ; le scripteur expert de notre époque écrit, en dominante, avec un clavier.

5.     Séances métacognitives

On ôte les mains du clavier, on lâche la souris : il s’agit de réfléchir sur le processus d’écriture, les stratégies diverses, comprendre le besoin de réécriture, cerner l’usage du Tdt et voir ce qu’il change par rapport à la plume ou au couple crayon / gomme etc.



[1] Traduction : « Pour en finir avec des dérives ineptes… » ou encore « Où l’on verra que l’on n’apprend pas le traitement de texte, dans des séances d’informatique, avec un Aide Éducateur, à l’école élémentaire. »

[2] Interface, ensemble de macros et de barres d’outils pour MS WOrd, réalisé par P. Caleyron et moi-même.

[3] Mise en scène typographique des poèmes ; cf. les calligrammes dans la tradition manuscrite.

[4] Sans doute, un néologisme pour désigner un écrivain/ écrivant chevronné.

[5] Vérificateur d’usage, thesaurus des synonymes, correcteur grammatical.