Le français possède trois manières d'intégrer et reproduire un discours ou un fragment de discours dans un premier énoncé ; on peut aussi associer le discours narrativisé.
- le discours direct
:
Les élèves dans la cour, rangés pour nous laisser passer,
chuchotaient: "Oh ! un nouveau ! un nouveau !"
André Gide, Si le grain ne meurt
- le discours indirect
:
Le professeur, M. Vedel, enseignait aux élèves qu'il y a parfois
dans les langues plusieurs mots qui, indifféremment, peuvent désigner
un même objet, et qu'on les nomme alors des synonymes.
André Gide, Si le grain ne meurt
- le discours indirect
libre :
Coupeau, lui aussi, ne comprenait pas qu'on pût avaler de pleins verres
d'eau-de-vie. Une prune par-ci, par-là, ça n'était pas
mauvais. Quant au vitriol, à l'absinthe et aux autres cochonneries, bonsoir
! il n'en fallait pas.
Emile Zola, L'Assommoir
- le discours narrativisé
:
Et elle se leva. Coupeau, qui approuvait vivement ses
souhaits, était déjà debout, s'inquiétant
de l'heure. Mais ils ne sortirent pas tout de suite ; elle eut la curiosité
d'aller regarder, au fond, derrière la barrière de chêne,
le grand alambic de cuivre rouge, qui fonctionnait sous le vitrage clair de
la petite cour ; et le zingueur, qui l'avait suivie, lui expliqua comment
ça marchait, indiquant du doigt les différentes pièces
de l'appareil, montrant l'énorme cornue d'où tombait un filet
limpide d'alcool.
Emile Zola,
L'Assommoir
LE DISCOURS DIRECT
Les paroles sont rapportées intégralement, sans subir de modification.
Par exemple :
« Ah bien ! murmura-t-elle, en voilà trois qui ont un fameux poil
dans la main !
– Tiens, dit Coupeau, je le connais, le grand ; c'est Mes-Bottes, un camarade.»
Emile Zola, L'Assommoir
L’introduction du
discours direct dans un récit amène une rupture qui se marque
en général par divers indices.
- Présence de signes typographiques spécifiques : deux points,
guillemets, tirets pour les répliques, les changements de locuteur..
- Des changements de temps et de personnes : passage de l’énoncé
historique ou récit au discours.
- La citation est attribuée à son propre énonciateur par
l’intermédiaire d’un verbe introducteur. Ce verbe peut être
passe-partout, neutre comme dire, ou ajouter des informations diverses
comme hurler, beugler, bredouiller, murmurer, prétendre. Le
discours direct tente de restituer fidèlement la vivacité, l’expressivité
du propos rapporté.
Retour
LE DISCOURS INDIRECT
Un énoncé est reproduit dans un premier énoncé,
le texte d'accueil ; le locuteur ou énonciateur du discours rapporté
n'est pas le même, il s'agit d'un tiers ou alors il y a un décalage
du genre : « Je vous disais que je…»
Les paroles rapportées sont contenues dans des propositions subordonnées
introduites par un système du type : « dire + que ».
Le message reproduit est quelque peu modifié : les coordonnées
de la situation de communication sont, en effet, changées pour les personnes,
les temps verbaux, le mode, les déictiques de temps et lieu.
M. Simonnet me demande de vous dire
qu'il ne viendra pas...
M. Simonnet m’a demandé de vous dire qu'il ne viendrait pas, car
sa voiture est tombée en panne. Il m'a signalé qu'il vous rendrait
vos copies demain. (Il s’agit donc du même jour !)
Transposition au discours direct
:
«Je ne viendrai pas au lycée car ma voiture est tombée en
panne. Je leur rendrai leurs copies demain.»
Au discours indirect libre :
M. Simonnet téléphona au lycée. Il ne viendrait pas travailler
avec ses élèves car sa voiture était tombée en panne.
Il leur rendrait leurs copies le lendemain.
Les transformations et les adaptations
peuvent être complexes :
P1. Emile m'a dit alors : «Je suis content de partir d'ici demain.»
P2. Emile m'a dit alors qu'il était content de partir de là le
lendemain.
Si le discours direct reproduit ou répète « mécaniquement » des propos un peu comme un magnétophone, le style indirect en revanche est déjà une interprétation des discours cités, non leur reproduction. Il peut ainsi raccourcir, analyser, résumer les propos du tiers cité. La transformation de l'énoncé initial est donc plus ou moins grande.
LE DISCOURS INDIRECT LIBRE
C'est un style intermédiaire entre le discours direct et le discours
indirect qui supprime l'élément introducteur mais le décalage
des coordonnées est conservé.
La ponctuation n'est plus celle du discours indirect : les modalités
interrogatives, exclamatives en particulier sont maintenues. Pour arriver le
d.i.l. a besoin d'un contexte introducteur qui prépare sa venue.
- Il se demandait s'il viendrait.
- Il méditait en lui-même : viendrait-il ?
- Emile songea qu'il fallait faire le déplacement. Mais il n'avait pas
encore choisi le moment. La semaine prochaine ? Pourquoi pas ? Pourvu qu'il
n' y ait pas trop de monde sur les routes ! Il verrait bien ! Il téléphona
: « J 'arriverai mardi midi. »
LE DISCOURS NARRATIVISE
Cette forme de discours se rencontre toujours dans le cadre d'un récit. Ce procédé consiste à intégrer entièrement dans le récit le discours ; ainsi le texte traite le récit de paroles comme un événement. Le lecteur n'a pas accès directement aux propos qui ont été prononcés, mais il prend connaissance de leur contenu de manière condensée, résumée.
Exemple :
Mais M. Vedel était bon: il répéta sa définition
avec la patience des vrais maîtres, proposa de nouveau le même exemple.
André Gide, Si le grain ne meurt
Retour
VALEURS & EFFETS
NB Les guillemets ou les italiques sont des alertes seulement perceptibles à l'écrit : elles marquent l'ironie, la prise de distance.
Retour